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La République en marche sur des œufs

Par SPRA — Dernière modification 28/07/2017 16:05:47


J’ai du mal à comprendre avec Macron. Je ne sais jamais à l’avance ni ce qu’il va annoncer, ni comment ce sera pris. Mon dernier étonnement, c’est son jacobinisme. Je le croyais girondin, pour les régions, le tissu local, les campagnes et les provinces de notre beau pays. Et voilà qu’Edouard Philippe, son dévoué premier ministre, nous annonce que les collectivités locales vont trinquer. Elles devront réduire leurs dépenses de treize milliards d’euros d’ici 2022, c’est-à-dire trois milliards de plus que ce qu’Emmanuel Macron avait annoncé pendant sa campagne. Pauvres collectivités ! Il doit le savoir, Edouard Philippe, ancien maire du Havre, que les collectivités sont le premier lien avec la base : les crèches, les écoles, les feux rouges et les ordures. Et c’est encore plus étonnant qu’il fasse une annonce pareille avant les élections sénatoriales, car chacun sait qu’il n’y a rien de pire que de toucher au budget des collectivités pour perdre le Sénat, puis, en cas de dissolution, l’Assemblée. De quoi donner du pain à Gérard Larcher, actuel président LR du Sénat, et surtout, surtout, au président de l'Association des maires de France (AMF), François Baroin, l’éternel premier ministre hypothétique, qui n’est pas devenu premier ministre et qui n’est même plus une hypothèse : « Nous nous sommes donc déjà beaucoup serré la ceinture, s’écrie ce dernier. Là, je dis que trop, c'est trop ! »

 

« Nous devons engager une réflexion d'ensemble sur la fiscalité locale, sur la taxe d'habitation bien sûr, elle est annoncée, mais plus généralement sur l'ensemble du système de financement des collectivités territoriales, a expliqué Édouard Philippe. Je n'ai aucun doute sur le fait que ce sera dur et aucun doute sur le fait que ce sera long ». Ça, moi non plus ! Mais combien cela va-t-il coûter aux collectivités, qui sont le socle et l’avenir de la France ? Combien cela va-t-il leur coûter du point de vue matériel d’une part, et du point de vue symbolique d’autre part ? Le vrai enjeu est là : Macron et son nouveau parti n’ont pas de tissu local. Assécher les collectivités, c’est ramener le pouvoir à Paris, où Macron a de plus en plus de pouvoir. Il s’agit autrement dit d’une stratégie purement jacobine qui existait déjà avant les Jacobins, puisque c’est ce qu’avait fait Louis XIV avec ses vassaux en leurs coupant les vivres et en leur proposant de venir habiter à Versailles, au château, où il savait que ce serait plus difficile de comploter. Macron fera des économies comme promis, mais ce sont les partis locaux qui seront accusés. Il aura davantage de pouvoir et augmentera son « capital sympathie » (oh, langage malade !). Ce n’est pas le Général de Gaulle pour qui nous avons voté, mais Machiavel (« assécher pour régner ») !

 
 

Larcher a vu venir le coup en dénonçant un « marché de dupes », et en exigeant que « l'État s'engage véritablement à respecter les élus, leur rôle et l'action des collectivités ». Les autres aussi l’ont tous vu venir, le coup, avec cette histoire de la taxe d’habitation, un des impôts les plus détestés, mais les plus utiles aux collectivités PS et LR. Macron en l’abrogeant réussit d’une pierre deux coups : asseoir sa réputation en même temps que son autorité (alors que ce sont en France des termes antinomiques depuis 1968).

 
 

Gérard Larcher et ses copains réclament une loi de finances pluriannuelle consacrée aux collectivités, pour au moins avoir quelques garanties, des garde-fous surtout, résister comme il peut à l’intelligent Macron et à ses partisans le doigt sur la couture. Les régions, les départements et les communes, faut-il le rappeler, ne sont pas au début des plans d’assèchement. Ils ont déjà réalisé plusieurs milliards d'euros d'économies sous le quinquennat Hollande. Car Hollande lui-aussi y voyait l’occasion de faire des économies sans réduire à zéro sa popularité (qui était très proche de zéro). Le jacobinisme est le fruit de ce genre de calcul plutôt que d’une véritable politique de centralisation parce que, prétendument, elle conviendrait aux Français.

 

Guillaume Sire

 

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