Septembre sera le mois du feu

Par SPRA — Dernière modification 13/07/2017 16:11:06

Macron est le roi de la communication. Tout est fait pour faire de lui un grand homme. Et c’est cela précisément, notre époque : le grand homme n’est pas celui qui agit grandement que celui qui agit pour sa grandeur. Sur sa photo officielle, les deux bras semi-écartés, des nuages sortis de la tête, le costume impeccable et la lumière irréelle, je vous le dis tout net, il me fait légèrement… peur !
 
 

J’ai décidé de creuser la fumée, et de voir précisément, avec vous, quelles étaient les premières mesures du quinquennat. Voir ce que notre grand homme, au juste, déjà si grand, a déjà fait. D’abord, l’emploi. Le gouvernement a présenté le 28 juin un projet de loi d'habilitation pour pouvoir réformer le droit du travail par ordonnances. Cela, nous en avons tous entendu parler. Macron, le droit du travail, c’est son dada. Myriam El Khomri était l’arbre qui cachait la forêt. Et la forêt la voilà, à la tête de l’état. Elle inaugure le studio F en prévenant que dans la vie il y a, je cite, ceux qui réussissent, et ceux qui ne sont rien. Pour ceux qui réussissent, on va amincir l’épais livre rouge. Une cure accélérée, et un condensé de ce que Valls a empêché Macron de faire sous prétexte qu’il ne fallait pas trop fâcher la gauche de la gauche sur laquelle Valls comptait encore à cette époque pour être élu président. Macron s’est vengé. Macron se venge : plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif, référendum d'entreprise à l'initiative de l'employeur en cas d'accord minoritaire, fusion des instances représentatives du personnel et primauté des accords d'entreprises sur les conventions de branches. Je trouve que c’est un beau programme. Mais dans la rue, ça va chauffer. Les Français n’aiment pas les ordonnances. Mélenchon aura peut-être enfin la révolution qu’il voulait. Après un examen au Conseil d'Etat le 28 août au plus tard, les ordonnances devraient être présentées en Conseil des ministres le 20 septembre. Elles pourront ensuite être votées au Parlement via une loi de ratification. Ne prévoyez pas de prendre le train ou l’avion en septembre, je vous préviens : ça va barder.

Emmanuel Macron souhaite également que des textes de simplification soient présentés cet été. Il avait évoqué pendant la campagne un projet de loi d'habilitation permettant de mettre en place le « droit à l'erreur », en souhaitant que, sauf cas grave, l'administration qui contrôle une personne ou une entreprise ne soit plus dans la sanction mais dans le conseil. Ces textes auraient dû voir le jour fin mai-début juin, on l’attend encore, mais les personnes averties assurent qu’elle ne saurait plus tarder.

Côté moralisation de la vie publique, il a fait fort en renvoyant Bayrou après quatre semaines d’exercice. La nécessaire réforme sera présentée en conférence de presse le 1er juin et examiné en Conseil des ministres le 14 juin, puis passera par une loi organique et une loi ordinaire - au Parlement cet été - et une révision constitutionnelle - à la rentrée. Côté sécurité, le gouvernement a présenté un projet de loi antiterroriste qui doit prendre le relais de l'état d'urgence. Côté éducation, en plus de redonner la main aux communes concernant la réforme des rythmes scolaires, Macron a annoncé la mise en œuvre progressive à partir de septembre de la limitation à 12 du nombre d'élèves par classe de CP et CE1 dans les zones les plus prioritaires.

Côté finances publiques, Macron est censé avoir ramené le déficit public de la France à 3% du produit intérieur brut (PIB) en fin d'année. Il semblerait que la Cours des comptes n’y croient pas, à moins que certaines mesures drastiques soient prises. Côté retraites, il compte faire voter la réforme qui nous conduirait vers un modèle suédois (régime universel par points) début 2018.
 
 

En lisant tout cela, et d’autres choses, je me dis que nous saurons d’ici novembre en gros si notre nouveau président tient ou non ses promesses. Et en janvier 2018, sans aucun doute possible, nous serons fixés. Septembre sera le mois du feu, celui de tous les tests, et celui des pressions et des résistances. En attendant, et dans l’espérance que les promesses soient tenues, pourquoi pas, laissons-le parader.  

Guillaume Sire