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Bitcoin : pourquoi les états et les banques ne sont pas si inquiets

Par SPRA — Dernière modification 15/12/2017 14:27:28


Récemment le bitcoin a dépassé la barre symbolique des dix mille dollars, et a même passé dans la foulée le seuil encore plus surprenant encore des onze mille dollars. Son attractivité est de plus en plus forte. En novembre 2017, par exemple, Coinbase (l'une des principales plateformes du secteur) a enregistré pas moins de 100.000 utilisateurs supplémentaires. Le bitcoin pourtant, qui est aujourd’hui la trentième monnaie mondiale, ne repose pas sur des garanties politiques mais uniquement (et c’est très peu) sur des garanties technologiques. On dirait un scénario de science fiction. Est-ce que tout cela est vrai ? Est-ce une plaisanterie ? La bulle éclatera-t-elle, et, si oui, quand ? Est-il possible qu’une monnaie ne soit pas adossée à une banque centrale et à un étalon physique perdure de la sorte, au point, dit-on, de remplacer les autres monnaies ? Est-il possible qu’un logiciel de cryptographie distribuée (la fameuse blockchain) remplace les banques centrales à moyen et long terme, et, surtout, est-ce souhaitable ? Quelles seraient les conséquences dans ce cas sur l’économie financière, l’économie réelle, la politique et les équilibres géostratégiques ? 

 

Le Bitcoin fut d’abord le délire libertaire d’une poignée de geeks anonymes rassemblés derrière un pseudonyme japonisant : Satoshi Nakamoto. En moins de dix ans (là encore c’est peu), ces geeks ont fait fortune, car le dénommé Satoshi Nakamoto possède environ un million de bitcoins, soit approximativement neuf milliards de dollars. Ils doivent être moins libertaires tout à coup, plus près de leurs sous qu’ils ne l’étaient auparavant, plus regardant quant aux juridictions fiscales, moins sauvages, moins révolutionnaires. En plus de les enrichir considérablement, leur invention a également fait vibrer sinon trembler le monde.

 
 

Mais le monde s’en est remis, et aujourd’hui, au bout de la chaîne, on retrouve les mêmes acteurs que ceux qui contrôlent les autres monnaies : les fonds souverains, les grandes banques d’affaires et les mêmes opérateurs boursiers que ceux qui ont organisé la crise des subprimes. Cette monnaie qui était censée renversée l’ordre établi aura finalement travaillé pour lui.
 

 

Le bitcoin en fait est intéressant pour les acteurs historiques, alors même qu’il était censé les menacer, précisément parce que le bitcoin menace ceux qui aujourd’hui essaieraient de faire ce qu’ils ont fait hier et qui leur a permis d’asseoir durablement leur puissance (au point d’être sauvés par les états en cas de crise majeure). Il empêche le roi de battre monnaie. Ici il n’y a aucun roi, mais on bat monnaie. Et surtout, il y a une limite : l’algorithme chargé d’organiser les émissions s’assure qu’elles soient décroissantes, de sorte qu’il ne puisse jamais plus y avoir plus de 21 millions de bitcoins en circulation en même temps et qu’il n’y ait plus aucune émission après 2040. Ainsi, on organise la rareté, et il devient intéressant, non pas de consommer mais, de… spéculer ! C’est une monnaie, autrement dit, faite pour l’économie financière. Pour les opérateurs, de quoi se régaler, en étant sûrs qu’aucun état soucieux du chômage ou du taux de mortalité de sa population davantage que des richesses des plus riches ne risque de venir y mettre le nez.
 

 

Après 2040, les gouvernements, qui auront sans doute touché leur part du gâteau, se débrouilleront pour réguler. Le bitcoin au final aura surtout été une expérience permettant de montrer aux banques et aux états les plus puissants comment le pouvoir monétaire pouvait risquer de leur échapper, et comment faire pour que cela ne puisse jamais arriver. Les idéaux des fondateurs, qui n’ont pas osé sortir du bois et militer à découvert, préférant sans doute s’enrichir anonymement, ont servi les puissances qu’ils prétendaient combattre. Ainsi va le monde de l’argent, y compris celui des techniques de cryptage distribuées. Les comptes des plus riches en sont consolidés.
 

Guillaume Sire

 

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