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Le Musée régional d’art contemporain Occitanie/Pyrénées-Méditerranée de Sérignan propose des expositions consacrées à Maxime Rossi et Simon Starling, offrant au public des expériences intenses et sensorielles

Par SPRA — Dernière modification 24/11/2017 15:38:11


Le Musée Régional d’Art Contemporain Occitanie/Pyrénées-Méditerranée (MRAC) de Sérignan propose deux expositions jusqu’au 18 mars 2018 : l’une est consacrée à Maxime Rossi, l’autre à Simon Starling. Les deux expositions sont conçues comme des ballades musicales : la musique est en effet présente dans chacune des deux expositions où le visiteur est invité à déambuler parmi les œuvres. 


  

 

L’exposition consacrée à Maxime Rossi est intitulée Christmas on Earth Continued, et propose au public une installation immersive intense. Le visiteur est plongé dans une ambiance psychédélique, pénétrant dans une salle où les images et la musique se confondent, se mélangent, en continu. Le point de départ de ce projet artistique est la chanson Louie Louie, tube planétaire popularisé en 1963 par le groupe de rock The Kingsmen. Les paroles inintelligibles du chanteur Jack Ely ont éveillé à l’époque les soupçons du FBI qui craignait qu’elles aient un caractère pornographique. En pleine guerre froide, dans un moment d’intense paranoïa aux Etats-Unis, les agents du FBI ont passé des mois à chercher dans la chanson des messages cryptés à caractère soi-disant obscène. Le titre Louie Louie aurait été repris par la suite par Pink Floyd en 1967 lors du festival Christmas on Earth Continued, festival qui a été un naufrage artistique et financier. Le nom du festival est par ailleurs un hommage au film éponyme de 1963 de la vidéaste Barbara Rubin, figure légendaire de l’underground américain. Son film est une ode à la jeunesse et à ses tourments, au sexe et au rock’n roll, dans une esthétique psychédélique et érotique qui fera date.



Partant de ces événements, Maxime Rossi a constitué à Londres un groupe de rock, Dirty Song, emmené par David Toop. La musique diffusée lors de l’installation est une improvisation de Dirty Song à partir de la chanson Louie Louie, avec la voix de Phil Minton. Le public peut voir projeté la vidéo de la performance vocale en studio de Phil Minton. Grâce à un système de rotation aléatoire effectué par l’ordinateur, les images du chanteur se mélangent avec celles tournées à la Solfatare en Italie, un cratère de boue dont les éclaboussures visqueuses produisent une analogie avec le côté prétendument obscène des paroles de la chanson. Les images projetées peuvent en effet évoquer pour le public des images à caractère sexuel, dans une esthétique psychédélique où les formes se mélangent, se confondent, donnant presque au spectateur le vertige. Grâce à un algorithme qui remonte constamment les images du film en temps réel, l’exposition, véritable prouesse technique, propose au public une expérience intense et sensorielle à la manière d’un concert live.



Sur un mur de la salle où l’installation est proposée, un poème est inscrit, imaginé par Maxime Rossi : ce poème serait le script écrit par Barbara Rubin pour son film, suite à l’absorption de drogues hallucinogènes. Le poème répète inlassablement le mot « endless ». L’installation propose en effet des images et une composition musicale diffusées en continu, sans fin, grâce à l’algorithme. L’installation expose également des produits dérivés : T-Shirts, bottes, rappelant la société de consommation dans laquelle nous vivons, et qui introduit dans tous les domaines y compris celui de l’art, des enjeux économiques de rentabilité. 

 

Simon Starling propose l’exposition « A l’ombre du pin tordu »

La deuxième exposition proposée par le MRAC est consacrée à l’artiste anglais Simon Starling. Le titre de l’exposition A l’ombre du pin tordu, évoque les pins utilisés comme motif décoratif dans le théâtre Nô japonais, mais également les pins que l’on trouve aux abords des plages d’Occitanie. Dans la première salle de l’exposition, le visiteur découvre un pianola, piano mécanique qui joue seul grâce à une partition musicale inscrite sur un rouleau cylindrique perforé. Cette technique est proche de celle des cartes perforées, développée par Joseph Marie Jacquard pour les métiers à tisser. Cette technique est toujours utilisée par une fabrique familiale de textile à Turin dans laquelle Simon Starling découvre un piano et une partition musicale, La Macchina Tessile, qui est un hommage au son très spécifique que produisent ces machines à tisser. L’enregistrement de la musique des machines à tisser a été traduit en partition musicale grâce à un logiciel de visualisation sonore qui a transformé la musique en bandes de couleurs. La partition a ensuite été traduite sous la forme d’une série de cartes perforées Jacquard, permettant elles-mêmes une interprétation sous la forme d’une pièce textile en fils rouges, verts et bleus. Ce processus de transformation d’une partition musicale en une pièce textile est filmé par l’artiste, et diffusé pour le public.



Le deuxième projet présenté dans l’exposition, At Twilight (2014-2016), est une collaboration au long cours avec le metteur en scène de théâtre Graham Eatough, collaboration qui a pris la forme de deux expositions monographiques et d’une pièce de théâtre. A l’origine de ce projet : At the Hawk’s Well, une pièce de théâtre montée par le poète et dramaturge irlandais W.B. Yeats, créée il y a plus d’un siècle au milieu des horreurs de la première guerre mondiale. La pièce originale de Yeats propose une fusion entre le folklore irlandais, le mouvement moderniste qui se développe à cette époque dans le monde occidental, et la tradition japonaise du théâtre Nô. L’installation immersive proposée par Simon Starling convoque les figures artistiques de l’époque, représentées par des masques Nô produits par un maître japonais contemporain. La thématique de la mort est très présente dans cette proposition : At Twilight, qui signifie littéralement « au crépuscule », terme important dans la culture japonaise, évoque le moment de la journée qui est celui du royaume des morts. Les masques rappellent la thématique de la transformation chère à l’artiste et présente dans les quatre projets de l’exposition.



La promenade musicale continue avec l’œuvre vidéo El Eco, qui prend comme point de départ le musée de Mexico City du même nom, dans lequel le sculpteur anglais Henry Moore a produit en 1953 une fresque murale monumentale. Cette fresque, peuplée de squelettes en hommage à la fête des morts, a été produite à l’occasion de l’inauguration du musée, lors de laquelle Pilar Pellicer, une jeune danseuse de 15 ans, avait réalisé une performance. En 2014, Simon Starling filme à nouveau Pilar Pellicer, alors âgée de 76 ans : il lui demande de faire la même gestuelle que celle effectuée il y a soixante-cinq ans. La vidéo projetée pour le public entremêle les images d’archives avec celles de la performance de 2014, proposant une réflexion sur le temps qui passe, sur le vieillissement des corps et leurs fragilités. 
 
 

Dans la dernière salle de l’exposition consacrée à Simon Starling, l’artiste met en scène une communion imaginée entre trois musiciens migrants, débarquant d’Europe à Ellis Island aux Etats-Unis. Le projet est intitulé The Liminal Trio Plays the Golden Door (2017). Le public peut découvrir trois photographies de migrants prises par Augustus Frederick Sherman : elles représentent trois musiciens migrants, portant tous le costume et l’instrument de musique traditionnels de leur pays. Simon Starling a fait fabriquer des répliques exactes de ces instruments : la Zampogna (ancêtre de la cornemuse), le Kaval (flûte typique des Balkans) et les sabots Hollandais. L’artiste a ensuite organisé à New York une session de musique improvisée avec trois musiciens contemporains qui tentent de créer une communion entre ces instruments. Sont également exposées les répliques des costumes traditionnels de ces migrants. La thématique de la transformation est ainsi là encore bien présente : la transformation des migrants en musiciens traditionnels. Ce projet fait se rencontrer des migrants dans une communion imaginée. En tant que migrants, ces trois personnages sont en effet liés par des douleurs et des aspirations communes. La dissociation opérée entre le son, l’image, et la forme fait écho aux tiraillements de ces migrants, entre la nécessité de s’intégrer dans un monde nouveau et la volonté de conserver leur identité. Ce projet témoigne de l’engagement de l’artiste : Simon Starling évoque avec Trio Plays the Golden Door un sujet d’actualité. L’art devient alors un miroir de la société et du monde actuel, et propose au public un regard sensible et engagé sur les enjeux de notre époque.



Les expositions actuelles au MRAC à Sérignan sont à découvrir sans plus attendre. Les installations immersives proposées par les artistes permettront à chacun une évasion, un dépaysement, une plongée dans des univers singuliers et étonnants.




Marie Deschamps



Informations pratiques :

Musée régional d’art contemporain Occitanie/Pyrénées-Méditerranée

www.mrac.laregion.fr
 
04 67 32 33 05

 

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