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La Toile ferme ses portes

Par SPRA — Dernière modification 27/10/2017 11:31:42


Peu d’entre vous en ont entendu parler j’imagine, et c’est pourtant une nouvelle qui concerne tous ceux à qui parmi vous il arrive de se rendre sur le World Wide Web (c’est-à-dire sur la portion d’Internet accessible en utilisant un logiciel appelé « navigateur » du type Chrome, Firefox, Safari, Internet Explorer, Opera). L’institut de normalisation se donnant pour mission de réussir à créer des normes communes grâce auxquelles l’ensemble des acteurs du web peuvent travailler en harmonie, et, ce, même lorsque leurs intérêts divergent, vient de faire un pas en avant dans une direction qui jusque là était considérée comme contraire à « l’esprit d’Internet ». Ils ont créé un outil appelé « Encrypted Media Extensions » (EME) dans le but de permettre aux producteurs de vidéos de mieux contrôler la circulation de leurs contenus et donc, en particulier, d’éviter le piratage. Plus précisément, cet institut, appelé World Wide Web Consortium (« W3C » pour les intimes), a intégré cet outil à la cinquième version du langage de description dont la vocation est de permettre aux données de circuler sur le web : le « code HTML ».

 

Depuis le milieu des années 90, les acteurs présents au W3C étaient tous plus ou moins d’accord pour créer un web basé à la fois sur l’interopérabilité des ordinateurs et des logiciels, et la libre circulation des contenus. Mais les enjeux économiques sont devenus plus forts en deux décennies, et le flux a accéléré, permettant aux internautes de pirater de manière massive et instantanée de nombreux contenus, notamment des films et des séries. C’est pourquoi les discussions entourant le HTML5 depuis maintenant quatre ans se sont cristallisées autour du fameux EME, avec d’un côté les partisans de l’interopérabilité des logiciels de contrôle appelés « DRM » et de l’autre les partisans de la libre circulation et de la neutralité du réseau.

 
 

Début octobre, un vote a été organisé au sein du W3C par le fondateur du web en personne, Tim Berners-Lee, à l’issue duquel les partisans de l’EME l’ont emporté avec un peu plus de 56% des voix. Cette nouvelle a été annoncée par beaucoup comme un cataclysme dans les coulisses d’Internet. La très influente Electronic Frontier Foundation s’est d’ailleurs empressée de résilier son adhésion au W3C, suivie par de nombreux acteurs qui jusqu’ici, de manière bénévole pour la plupart, œuvrait au bon fonctionnement du web et, ce, au nom d’un principe de libre circulation des contenus qu’il considère bafoué depuis le vote.

 
 

La prochaine étape pour le W3C est de généraliser un système qui jusqu’ici ne concerne que les vidéos, de façon à ce qu’il puisse s’appliquer notamment aux fichiers textuels, ce que demandent les ayant-droit du milieu de la presse ou de l’édition. Le web ne ressemblera plus ce jour-là à cette grande prairie où nous nous déplaçons de façon horizontale par l’intermédiaire de chemins de traverses (i.e. les liens hypertextes), mais plutôt aux régions productrices de champagne parsemées de clos et autres jardins murés au nom d’impératifs économiques que nous ne pourrons plus franchir sans autorisation (i.e. sans payer).

 

 

Je ne voudrais pas être accusé ici de défendre de quelque façon que ce soit « les voleurs de contenus ». Je comprends très bien au contraire que les producteurs de contenus veuillent défendre leurs intérêts. Cette chronique ne vise donc pas à vous faire choisir un camp, mais à vous faire savoir de quelle controverse le web aujourd’hui est l’objet, dont l’issue c’est certain aboutira à un espace informationnel tout autre que celui que nous connaissons maintenant depuis 1994 si jamais le module EME, aujourd’hui n’ayant trait qu’aux vidéos, en venait à être généralisé à l’ensemble des types de contenu (texte, image et son). Ce jour-là d’ailleurs, si je juge le nouveau web moins préférable que l’ancien, j’accuserai en premier lieu les voleurs de contenus, sans qui rien de tout cela n’aurait été nécessaire.

Guillaume Sire

 

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