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Pour l’abolition des privilèges de la fonction publique

Par SPRA — Dernière modification 19/10/2017 15:49:04


Dans le cadre du « Comité Action publique 2022 », Edouard Philippe a annoncé en grandes pompes (tout se fait en grandes pompes en macronie) qu’il prévoyait de travailler à la réforme du service publique. Des personnalités françaises et étrangères seront notamment conviées dans les semaines à venir pour discuter du nombre et du statut des fonctionnaires. Etant moi-même fonctionnaire, enseignant chercheur à l’université, il se trouve que je suis concerné directement, et comme je doute que le Premier Ministre ne me téléphone demain pour me demander mon avis, je profite de cette tribune pour le lui donner. C’est un avis qui, disons-le, pour des raisons que vous comprendrez aisément, est loin d’être majoritaire parmi mes paresseux et grassouillets collègues.

 

Il faut cesser de rémunérer le statut des fonctionnaires, pour rémunérer leur travail. Plus particulièrement, il faut pouvoir leur fixer des objectifs qui ne seront pas des « feuilles de routes » ou autres « orientations » mais véritablement, comme dans une entreprise, des objectifs à atteindre impérativement. Cela implique que des primes puissent être versées en cas de dépassement et, d’autre part, que des sanctions puissent être prises dans le cas où les objectifs n’auraient pas été remplis. La fonction publique s’en trouverait bouleversée. A mon niveau, quoi que je fasse de plus ou de moins dans l’année, mon salaire sera le même, et inférieur de toute façon à celui d’un de mes collègues présents dans la profession depuis plus longtemps que moi, et, ce, même si ce dernier a passé l’année à resquiller alors que je me suis couché tous les soirs à minuit pour faire tourner la boutique. En théorie, des arrangements sont possibles, mais dans les faits seule l’ancienneté compte. Or, dans une profession où vous ne pouvez pas être viré et où vous savez combien vous serez payé quelle que soit votre implication, vous comprendrez qu’un individu rationnel ne s’implique qu’entre le fromage et le dessert, le jeudi, et préfère le reste du temps se consacrer à ses hobbies (collection de capsules, etc.).

 

Ma profession est polluée par ces resquilleurs, qui, évidemment, prétendent être « sous l’eau » quand on leur demande pourquoi ils ont l’air fatigués (la collection de capsule peut être une activité éreintante). A les entendre en effet, ils vont de réunions en réunions et gèrent un nombre incalculable de « gros dossiers ». Lorsque j’étais encore un jeune thésard idéaliste, je regardais avec admiration ces enseignants-chercheurs titulaires, tellement dévoués aux tâches administratives et à l’enseignement qu’ils avaient peu de place pour la recherche scientifique de haut niveau à laquelle à coup sûr ils se seraient livrés corps et âme si seulement ils en avaient eu le temps. Puis j’ai réalisé, devenu moi-même titulaire, que s’il y avait bien de nombreuses tâches administratives et réunions à assumer, il y avait malgré tout largement le temps de faire de bons cours solides et de se lancer dans des travaux scientifiques ambitieux. Une bonne partie de mes collègues le font, mais un bon tiers resquille. En gros, me suis-je dit, on a aboli la noblesse mais pas les privilèges.

 

 

C’est à ces privilèges des fonctionnaires qu’il faut s’en prendre, Monsieur Philippe. Il faut récompenser au sein de la fonction publique ceux qui travaillent en les élevant plus vite au dernier grade (qui n’est pas non plus une sinécure) et rétrograder, et pourquoi pas renvoyer ceux qui osent resquiller alors qu’ils sont payés par le contribuable. Il faut rémunérer les œuvres et le mérite, et non plus le statut et l’ancienneté. 


Hélas, il en faudra du courage, pour réformer le statut des quelques 5 millions de fonctionnaires, et je doute que ce comité consultatif n’ait même le courage d’évoquer frontalement la question. On se souvient pourtant qu’Emmanuel Macron, lorsqu’il était ministre de l’économie, avait soulevé l’hypothèse d’une rémunération au mérite, mais avait aussitôt reçu une volée de bois vert. Il est temps de nous montrer que vous êtes maintenant plus haut et plus fort que vous ne l’étiez alors, ô Jupiter, et que vous ne craignez ni le bois mort, ni le bois vert !

 

Guillaume Sire

 

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