Banques : un rapport édifiant

Par SPRA — Dernière modification 09/06/2017 14:11:25

On ne surveillera jamais assez les banques. Elles demandent sans cesse des garanties, mais elles en donnent elles-mêmes trop peu, et pas assez souvent. L’Histoire l’a montré, combien de fois ? Elle le remontrera. Cela nous a coûté cher, plusieurs fois, ça nous en coûtera. Il faut par conséquent exiger des garanties, et précises, chiffrées, vérifiables. Il faut les contrôler. C’est à cela que sert en France la Haute autorité de contrôle prudentiel et de prévision (ACPR).

 

Selon le dernier rapport publié par cette Autorité, les établissements bancaires français ont réalisé 24,3 milliards d'euros de résultat net en 2016, en hausse de 3,1% sur un an, malgré un environnement où les taux sont extrêmement bas (la location de l’argent n’a jamais été aussi bon marché). A croire que les banquiers s’en sortiront toujours mieux que les autres. Faites vos jeux, les jeux sont faits, etc., mais à la fin la banque gagne, quelle que soit l’issue, la banque gagne toujours. Dans son cas, il n’y a pas de hasard. C’est pourquoi un ingénieur qui choisit de construire des ponts gagne cinq fois moins d’argent qu’un ingénieur, diplômé de la même école, qui choisit de faire des jeux d’écriture sur un ordinateur pour créer de l’argent avec de l’argent sans jamais toucher autre chose que le clavier et la souris de son ordinateur.

Dans le discours accompagnant la publication dudit rapport, le gouverneur de la Banque de France et président de l'ACPR a souligné que le secteur bancaire et assurantiel français était, je cite, « un des plus solides d'Europe et du G7 » avec des ratios de fonds propres à 13,2 %, en moyenne, en hausse de 60 points par rapport à 2015. Et de nous dire que les fonds propres avaient augmenté de 164 milliards d'euros rapport à 2008. Qui a dit que les subprimes avaient coûté cher aux banques ? Le régulateur a expliqué ensuite, des étoiles dans les yeux, qu’il resterait vigilant concernant la hausse des taux, l'essor des algorithmes boursiers, la protection des consommateurs, la lutte contre le blanchiment et contre le financement du terrorisme. De belles paroles, quasi-obligatoires. Merci, monsieur, de rester vigilant. Faites aussi attention aux tarifications abusives des services, cartes bleues payantes, etc. Et aux bonus invraisemblables. Et aux produits structurés obscurs. Et à l’évasion fiscale organisée.

Les taux, nous dit-on, vont remonter. Les banques veulent gagner plus sans travailler davantage. Et les traders voudraient épargner l’argent qu’ils ont si durement gagné. Figurez-vous que ce rapport de l’ACPR nous apprend que la remontée des taux a commencé en novembre dernier avec l'élection de Donald Trump et la normalisation de la politique monétaire américaine, qui a clairement favorisé la rentabilité du secteur bancaire dont les marges étaient rognées par les taux bas et les renégociations de crédit immobilier. Merci, Monsieur Trump, d’être aussi profitable aux anciens collègues du Président Macron.

Finalement, je me demande à quoi sert cette autorité. Quelles mesures a-t-elle prises ? Qu’a-t-elle, véritablement, vérifié ? Pourquoi leur rapport est-il si plat ? En le lisant, on croirait que les banques sont des espèces de serviteurs du peuple français, en bonne santé et totalement dévoués au bien commun, et en qui, même si on a raison de les surveiller (l’ACPR ne va pas jusqu’à nier sa raison d’être), nous pouvons avoir confiance.