BENOIT HAMON ET LA VOITURE SANS CLEFS

Par SPRA — Dernière modification 07/04/2017 13:37:53

Le parti socialiste a été créé par Mitterrand pour Mitterrand. C’est son parti, sa mécanique. « Après moi, naturellement, il y aura le déluge… » Il n’a laissé les clefs de la voiture à personne. Et sans lui, même s’il est possible de faire joujou au volant, il est impossible de la démarrer, et l’on ne peut donc pas gagner la course à moins que tous les autres aient abandonné, ou bien si jamais, comme François Hollande en 2012, Bayrou vient pousser le véhicule pour lui permettre d’avancer. Le Parti socialiste est tissé d’opinions intissables, inconciliables, inconciliées. C’est un théâtre d’opération, comme disent les militaires. Aucune chance en ce lieu qu’une paix durable soit trouvée. Ça tire dans tous les coins. Valls n’a rien à voir avec Aubry qui n’a rien à voir avec DSK qui n’a rien à voir avec Désir qui n’a rien à voir avec Dray. On dirait qu’ils ont atterri là par hasard, c’est la filière « ES » du lycée, destinée à ceux que rien n’a encore convaincus. 
 

Benoît Hamon sera le dernier visage que le Parti socialiste verra avant de mourir pour de bon. Il aura un rôle de fossoyeur mais aussi, et d’abord, le rôle de celui qui est auprès du malade. Il s’occupera, s’il en a le courage, de la toilette, il dira l’oraison. Je crois qu’il la prépare déjà… Il jettera la poignée de terre en répétant une fois de plus : « On te regrettera. »

Le Parti socialiste, plus personne n’y croit. On ne sait plus ce que c’est. Les ouvriers n’ont jamais vraiment été là. Les classes moyennes se sont déchirées. Rien n’est uni. Il n’y a pas de projet commun. Ça n’existe pas en fin de compte « les classes moyennes ». Les calculs d’appareil et les carriéristes ont tout détruit. Ils ont scié la branche moelleuse et couverte de fruits sur laquelle Mitterrand, ce roublard, les avait assis. Julien Dray, le trotskiste, a dépensé plusieurs centaines de milliers d’euros pour des montres de  luxe. Cahuzac a planqué son argent à l’étranger. Hollande donne des rendez-vous secrets à des actrices. Valls prend des jets pour aller voir des matchs de foot à Barcelone. Et tous ceux-là ne jurent que par l’égalité des chances, la justice et les droits des ménages modestes.

Benoît Hamon a été doublé par Mélenchon dans les sondages de l’Ifop et d’OpinionWay. Cela fait du Parti socialiste la quatrième force politique de France. Les dernières mesures le donnent entre 10,5% et 11,5%, soit environ 5% des Français. Voilà où en est le Parti socialiste : 5% ! Cela n’est jamais arrivé depuis Mitterrand. Le seul socialiste à avoir fait un score comparable à celui que va faire sans doute le candidat Hamon est peut-être Gaston Defferre, qui n'avait recueilli que 5% des suffrages exprimés en 1969, à une autre époque, dans un autre monde.

Même Montebourg, qui pourtant est du genre illuminé, ne croit pas au revenu universel. C’est l’idée de trop d’une idéologie à bout de souffle. Aucune chance que ça passe. Hamon joue sur les rêves, comme les enfants et les mourants. Il aime rêver. Il aime croire que tout est possible, lui qui n’a jamais travaillé ailleurs que dans son parti. Mitterrand doit rire dans sa tombe. « Le déluge a un nom : Benoît Hamon ! »

Hamon veut endosser l’héritage de Hollande, mais seulement en partie, et nous faire oublier qu’il lui a servi de ministre. Il parle des dépenses, jamais des recettes, encore moins des économies. Il hésite. Il essaye. C’est touchant parce que c’est touchant — n’est-ce pas — de voir un enfant distrait jouer au volant de la voiture garée en contre-bas de la maison de famille et dont les clefs sont évidemment restées dans la poche du père.

Guillaume Sire