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Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Les Shadocks!

Par SPRA — Dernière modification 30/06/2016 17:12:19


Raconter les Shadocks c'est parler d'une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Qu'ils ne peuvent même pas imaginer. Seulement deux chaines de télévision, une seule en couleur et depuis à peine un an, le général de Gaulle au pouvoir, le téléphone en bakélite noir posé sur le guéridon du salon, la 2 chevaux pour partir en vacances et 14 heures pour faire Paris Montpellier en train.

Nous sommes le 29 avril 1968 et ce soir là la deuxième chaine de l'ORTF (Office de la Radiotélédiffusion Française) diffuse le jeu "Monsieur Cinéma" de la deuxième chaine présenté par Pierre Tchernia.

Au même moment, sur la première chaine, apparaissent des bestioles absurdes, héroïnes d'un nouveau feuilleton d'animation quotidien de deux minutes trente. Les Shadocks sont nés.


   

Je pompe donc je suis
 
Totalement estomaqués, les téléspectateurs de l'époque, habitués à une télévision aussi rigoriste que terne découvrent la planète Shadock et ses habitants les Shadocks, oiseaux improbables avec de toutes petites ailes et trois poils sur la tête, plantés sur des pattes fines et démesurées, et la planète Gibi, totalement plate, peuplée de Gibis, sorte de haricots sur petits pieds et portant un chapeau melon.

Objectif des uns comme des autres quitter leur planète inhospitalière pour débarquer sur la terre "qui avait l'air de mieux marcher".

Les Shadocks, très bêtes et méchants, et les Gibis, très intelligents et gentils, construisent chacun de leur coté une fusée.

Pour ce faire les premiers pompent, les seconds inventent une nouvelle énergie "le cosmogol 999". Inventé par un ancien élève de HEC, Jacques Rouxel, et raconté par Claude Piéplu, dont la voix si caractéristique devient familière à tous les français, les Shadocks provoquent un véritable choc dans tout le pays. C'est une nouvelle bataille d'Hernani, on se partage entre shadockophiles et shadockophobes. Et pendant ce temps les Shadocks pompent, pompent et réinventent le monde à coup de formules chocs et définitives, "je pompe donc je suis" ou "dans la marine il faut saluer ce qui bouge et peindre le reste" ou encore "s'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problèmes". 


    


Une permanence de l'esprit français
 
Il faut rendre hommage au MIAM (Musée des Arts Modestes) de Sète de faire revivre le temps d'une exposition ces drôles de créatures qui on tant marqué les esprits en cette fin des années soixante. Enfants des surréalistes, de Jarry et de Queneau, les Shadocks expriment bien une permanence de l'esprit français inventif et subversif.

Norbert Duffort, Commissaire général de l'exposition, explique "La vie, à cette époque, était quelque chose de sérieux et ceux qui rigolait étaient des flemmards. Ce qui sortait du cadre était considéré comme un dévoiement de la jeunesse et un danger pour la société. Et voilà que, sur la télévision publique, supposément éducative, on nous montrait des héros complètement cons". Et pourtant, l'émission a rencontré un immense succès au point que la rumeur dit que même le Général de Gaulle ne fut pas insensible aux idioties shadockiennes. 


   


Une exposition jubilatoire
 
Après "Le manège enchanté" et "Groland", "Shadocks !" est la troisième incursion du MIAM dans le monde modeste de la télévision.

Parfaitement en phase avec le projet de promouvoir l'art populaire dans ce qu'il a de plus noble, cette exposition est aussi réjouissante que jubilatoire. Comme l'écrit Hervé Di Rosa, Président du Musée, "Le MIAM met à l'honneur cette œuvre, ses personnages les Shadocks et tous les successeurs de cet esprit insolent dont les ramifications dans la culture visuelle et scientifique continuent de se développer jusqu'à aujourd'hui". Pour la première fois, les documents originaux (dessins préparatoires, plans, storyboards,...) créés par Jacques Rouxel et les produits dérivés (BD, Comic strips, figurines,...) sont présentés en confrontation avec des œuvres d'artistes contemporains. Sous la houlette du professeur Shadocko et du marin Shadock, il est question d'apprentissage : "oublier pour apprendre" à parler, à pondre des œufs et à fabriquer des engins improbables qui ne servent à rien. En bref, il s'agit de raconter des choses qui ne veulent rien dire.


   
 
 
Délicieux retour en arrière dans une époque certes pas complètement rose mais où l'insouciance était encore permise, l'exposition "Shadocks" du MIAM amène à sourire comme à penser sur un monde où l'absurdité le dispute parfois à l'inutilité. Profondément humain et typiquement français, les Shadocks nous renvoient une image de nous-mêmes aussi joyeuse que dérisoire. Et comme ils concluaient eux-mêmes chaque épisode de la série : "c'est tout pour aujourd'hui".
 
 
Bruno Deschamps
 
 

 

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