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Entretien avec Marion Fouilland, nouvelle directrice de la Scène Nationale de Narbonne

Par SPRA — Dernière modification 31/03/2016 15:43:30

 
Nommée par l'agglomération du Grand Narbonne et le Ministère de la Culture à la direction de la Scène Nationale de Narbonne, Marion Fouilland a pris ses fonctions à la tête de ce beau théâtre en janvier dernier. Après 23 ans de règne de Dominique Massadau qui avait ouvert cette Scène Nationale en 1993, Marion Fouilland inaugure une nouvelle ère probablement plus ouverte sur la modernité et sur les nouvelles formes de spectacle vivant, plus tournée vers la jeunesse et, sans doute aussi, plus féminine.




 
Marion Fouilland, vous voilà à la tête de la Scène Nationale de Narbonne. C'est votre première direction d'institution théâtrale, qu'est ce qui vous a mené là ?

J'ai aujourd'hui 43 ans. J'ai grandi au Havre, dans cette ville doté d'une prestigieuse Scène Nationale où j'ai découvert le théâtre et le cinéma. Je suis longtemps allé à l'école de théâtre de cette ville. Puis je suis ensuite entrée à l'Université, à la Sorbonne à Paris avant d'intégrer l'ENSATT (Ecole Supérieure des Arts et Techniques du Spectacle) dans le département administration du spectacle. A l'issue de mes trois années d'études en 1998, j'ai commencé à travailler avec le metteur en scène Bruno Boeglin et aussi tout de suite avec des Scènes Nationales pour des montages de coproduction et l'organisation de tournées. En 2005, je suis arrivé à Sète pour structurer une unité de production à l'intérieur de la Scène Nationale. J'avais déjà fait cela durant trois ans au Havre et je trouve formidablement intéressant de participer à des dynamiques structurantes de processus de création à l'intérieur de ces maisons qui sont aussi des maisons vivantes où se rencontrent les publics et les œuvres. Les quatre dernières années à Sète, j'ai exercé les fonctions de secrétaire générale avec des missions plus amples sur la mise en œuvre du projet artistique et culturel de la Scène Nationale.


Pourquoi êtes vous partie de Sète ?

Parce que c'est bien d'évoluer et surtout parce que c'est une belle perspective de pouvoir prendre la main sur une maison dont je connais bien les missions et les enjeux et que je me sentais prête à devenir capitaine de ce beau navire. Le fait d'avoir été longtemps voisine de Narbonne est aussi un atout qui me permet de mieux appréhender un projet de territoire sur le grand Narbonne sachant que c'est la communauté d'agglomération du Grand Narbonne qui est notre première tutelle.


Vous connaissiez bien cette Scène Nationale ?

Oui bien sûr. En tant que voisine, pour y être venu voir des spectacles, pour y avoir accompagné des artistes que nous avions produits, pour y avoir monté certains projets en coopération entre les Scènes Nationales de la région.
 

Quel regard vous portiez sur le Théâtre de Narbonne ?

J'étais impressionnée par l'importance du public et le fait que les salles étaient toujours pleines. J'ai apprécié aussi l'importance de la danse et des spectacles Jeune Public dans la programmation. Et enfin je trouve formidable la présence d'un cinéma et d'une salle d'exposition dans la Scène Nationale. Je suis très fortement intéressée par les liens possibles entre le spectacle vivant et l'art cinématographique. Par ailleurs, le fait de pouvoir s'appuyer sur le cinéma doit être un atout pour élargir et renouveler les publics.


Et maintenant que vous êtes directrice de cette belle maison, qu'est ce que vous voulez en faire ?

D'abord je souhaite lui donner toute l'envergure et toute la hauteur des missions d'une Scène Nationale. Ces missions sont en premier la diffusion de spectacles, c'est-à-dire la programmation d'un reflet de la création contemporaine dans les différentes disciplines de l'art vivant et pas seulement à Narbonne mais sur l'ensemble du Grand Narbonne et pas seulement dans les salles de spectacles mais aussi dans l'espace public. La deuxième mission est l'accompagnement à la création, là il s'agit de poursuivre le travail qui existait déjà et de le faire avec de nouveaux artistes, il y aura des artistes associés et la maison continuera d'accompagner et d'accueillir des créateurs de la région. Et enfin concernant la troisième mission qui est l'action culturelle, l'éducation artistique au sens large, je souhaite lui donner une vraie ampleur et la développer fortement en l'articulant beaucoup plus à l'activité artistique et en y impliquant plus les artistes et, notamment les artistes associés.


          


Qui seront ces artistes associés ?

Il y aura trois artistes associés. Le premier est un dessinateur, peintre, graphiste, artiste de scène, il s'appelle Benoit Bonnemaison-Fitte et son nom d'artiste est Bonnefrite. Il viendra en tant qu'artiste de scène avec d'autres artistes amis et il travaillera aussi sur l'image de la Scène Nationale. La deuxième est une danseuse chorégraphe du Languedoc-Roussillon Marion Lévy, sa compagnie s'appellle Didascalie et elle travaille aussi bien pour les adultes que pour le Jeune Public. Le troisième est un auteur metteur en scène comédien de théâtre Mohammed Al Khatib qui nous proposera un théâtre de l'intime que l'on pourrait qualifier de théâtre documentaire.


Plus concrètement quel sera l'univers artistique de la Scène Nationale version Marion Fouilland ?

Je ne peux pas vous donner de noms d'artistes, ce serait prématuré mais je tiens beaucoup à conserver les équilibres existant, équilibres qui permettent la très forte fréquentation de ce théâtre. Je vais maintenir le même volume de théâtre, le même volume de danse, le même volume de musique et de lyrique, le même volume de cirque. Mais je vais introduire davantage de théâtre dans l'espace public. Pour la danse les grandes formes seront conservées la saison prochaine. Et enfin je souhaite vraiment introduire davantage de femmes artistes dans la programmation. Les vrais changements seront plus des évolutions qui interviendront sur plusieurs années.
 

         


 
Entretien réalisé par Bruno Deschamps
 

 

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