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Airbus : géographie d’une bonne nouvelle

Par SPRA — Dernière modification 04/12/2017 09:54:47


Je vis à Toulouse, dans une ville magnifique, rouge, orange quand vient le soir, rose quand elle est vue du ciel, de briques, de tuiles, où une personne sur quatre a plus de dix-huit ans et moins de vingt-cinq ans. Une ville vivante, étudiante, grouillante, méditerranéenne, wisigothique, pyrénéenne, où le vent change de sens. Je vis ici, là-bas, dans ce pays où rien n’existerait si une envie depuis cent ans ne s’était pas renouvelée et concrétisée au point de nourrir autour d’elle toute une ville et autour de cette ville tout un pays et autour de lui tout un continent : l’envie de voler. C’était un rêve fou, fait par des fous, depuis la nuit des temps : conquérir le ciel, agrandir le monde, raccourcir le temps, augmenter l’espace. Et ce rêve a été réalisé, chez moi, au point que cette ville, ma ville, s’est confondu avec ce rêve, qui appartient à tous, et qu’aujourd’hui l’un et l’autre sont la même chose.

 

Le rêve pourtant ces derniers temps avait du plomb dans l’aile. La concurrence grandit, les mœurs changent. La vitesse n’intéresse plus personne. Le Concorde, après un crash mémorable, a été rangé au garage ou au mieux dans les musées. Alors même qu’on entrait dans un nouveau millénaire, les avions censés nous rapprocher les uns les autres ont servi de missiles à New York, tuant des milliers de civiles. Les écologistes râlent à cause de l’emprunte carbone. Le ciel, nous dit-on, est pollué par toute cette ferraille. On ne compte plus les commerciaux qui pour un oui pour un non labourent le ciel et dorment, inconscients du miracle, pendant le décollage et une bonne partie du voyage. La mer de nuages n’impressionnent guère plus que les enfants.

 
 

A Toulouse, vers Blagnac, le passant attentif aperçoit de nombreux avions cloués au sol, sans moteur. Le gros A 380 quant à lui se vend oui et non. Si c’était à refaire, il n’y aurait sans doute pas ce géant dans le ciel. A-t-on rêvé trop grand ? Notre aéroport quand à lui a été racheté par des Chinois. Ailleurs en France, vers Nantes, les Français de toute façon ne veulent plus entendre parler d’aéroport. Le rêve est-il devenu un cauchemar ? Le Stade Toulousain ne gagne plus les championnats de France. Il est au plus mal. Toute la ville est mélancolique. Inutile d’en chercher la raison bien loin : nos avions sont cloués au sol, l’Europe se disloque, des morceaux du Paris Rio flottent au milieu de l’Atlantique et Air France, notre compagnie nationale, n’achète plus que des Boeing.

 
 

Et puis vint cette nouvelle : la nouvelle. Le 15 novembre dernier, Airbus a annoncé la vente de 430 avions d’un coup à une société d’investissement américaine, pour un montant avoisinant les cinquante milliards d’euros. Les boulangeries ont renouvelé leurs stocks de chocolatines. Les bistros ont baissé leurs prix et étendu leurs terrasses. Dans la rue, les gens souriaient. Les rhumes des enfants étaient moins graves tout à coup. Nos avions, des A320 pour la plupart, seront loué par ledit fonds d’investissement à la compagnie américaine Frontier Airlines, la compagnie chilienne JetSMART, la compagnie mexicaine Volaris et la compagnie hongroise Wizz Air. Ils sillonneront les cieux du monde, tant pis pour Air France ! Et tant pis pour Boeing, que cette commande fait retrouver la deuxième marche du podium de l’aviation. 
 
 

Les usines vrombissent autour de chez moi, comme si Toulouse elle-même s’apprêtait à décoller. Toute notre ville, ma ville, a changé le jour du premier vol, à quelques mètres de hauteur, réalisé par la chauve-souris de Clément Ader. C’était il y a un siècle à peine. A Toulouse, depuis ce jour, les hommes volent. Ici, le ciel a ses racines. Et Toulouse sera habitée tant que le ciel aura des habitants.

 
Guillaume Sire

 

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