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Hasardeuse admission post-bac

Par SPRA — Dernière modification 10/11/2017 16:37:23


Le logiciel d’admission post-bac semble être depuis environ cinq ans l’algorithme de toutes les passions, celui qui, à lui seul, prouve que le hasard est injuste, que la justice est hasardeuse, rabat les étudiants vers les systèmes privés quand ils ne les poussent pas vers l’étranger, et déçoit tout le monde partout, systématiquement… sans se montrer. En effet, personne n’a jamais vu à quoi cet algorithme pouvait bien ressembler. C’est un secret d’Etat. Et quand l’état prévient qu’il n’a rien fait d’autre que de s’en remettre aux mains du hasard, mais refuse d’en montrer la blancheur, il y a moins lieu de croire que c’est parce que le hasard a les mains sales qu’à la petite magouille habituelle. « Le hasard, disait un prince autrefois, c’est moi ! »

 

Après avoir discuté avec un spécialiste de la question nommé Julien Grenet, économiste au CNRS, j’ai fini par comprendre tout ce qu’on pouvait comprendre à propos du logiciel Admission Post-Bac (APB). Car même si on ne peut pas voir en détail comment l’état a résolu les problèmes dont il prétend avoir confié la charge à ce programme, on peut au moins essayer de comprendre quels sont lesdits problèmes et de quelle façon il est possible de les confier au prétendu « hasard ».

 
 

Il existe trois critères entre lesquels l’état doit arbitrer. Chacun de ces critères peut être synthétisé sous forme de question. Premier critère : l’efficacité. Première question : Le logiciel APB crée-t-il une situation telle qu’il n’y en ait pas de meilleure possible ? Deuxième critère : l’équité. Deuxième question : l’issue du processus, n’y a-t-il aucun élève susceptible d’avoir ce que les économistes appellent une « justified envy » (et qu’on pourrait traduire par « une bonne raison ») d’être jaloux d’un autre élève ? Troisième critère : la non manipulabilité. Troisième question : chaque élève a-t-il intérêt à dire la vérité à propos de ses choix et de son ordre de priorité ? Le problème majeur de l’état vient du fait que ces trois critères normatifs ne puissent pas être pris en compte simultanément et également. Il lui faut procéder à des arbitrages, d’autant plus délicats que le deuxième critère (l’équité) tombe sous le coup de la loi (un élève pourrait faire un procès dans le cas d’une « justified envy »). Ainsi l’état doit-il « ordonner le hasard » autour de ces critères en procédant à des choix qui, de toute façon, ne seront pas neutres. D’où le gloubiboulga et l’insatisfaction générale ou presque. D’où les dangers qui pèsent sur les universités et la richesse assurées des écoles privées même les plus médiocres.

 
 

Les étudiants brillants, à cause de cette organisation du hasard, ne se retrouvent pas dans les universités brillantes. Les bons enseignants font face à des amphithéâtres vides à partir de novembre. Les filières STAPS et Psychologie sont pleines de gens bizarres. Les jeunes juristes se retrouvent en espagnol. Ceux qui veulent faire de la chimie font de la sociologie. Et ceux qui veulent faire de l’histoire ou des maths sont en STAPS. Bref, c’est le monde à l’envers ! Et c’est moins le hasard, en fin de compte, qu’une pagaille provoquée par la lâcheté de nos dirigeants davantage que par un quelconque programme informatique.

 
 

Edouard Philippe a décidé d’en finir avec ce système hasardeux. La colère grondait. Le peuple des parents d’élèves et des étudiants éconduits aurait fini par se soulever. « Je n’ai jamais eu peur du mot sélection, a-t-il dit, mais entre la sélection brutale et le tirage au sort, il existe une palette de solutions beaucoup plus souples, plus humaines et plus intelligentes ». C’est une excellente nouvelle oui et non, car tout dépend de ce qu’il entend par là ! J’ai eu beau creuser, je n’ai pas réussi à savoir ce qui allait être mis en place. L’opacité algorithmique va-t-elle être remplacée par des procédures manuelles certes « plus humaines » mais tout aussi opaques, et peut-être encore plus injustes à défaut d’être « plus intelligentes » ? A voir. Nous verrons.

 

Guillaume Sire

 

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