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La Russie met les gaz

Par SPRA — Dernière modification 20/10/2017 10:05:49


La Russie n’est pas seulement un immense pays de 150 millions d’habitants, aux mille visages, aux mille paysages, à l’armée surnuméraire, à l’histoire bigarrée. La Russie n’est pas seulement forte, attrayante, repoussante, au milieu de tous les projets géopolitiques internationaux. La Russie n’est pas seulement un droit de veto à l’ONU. Elle n’est pas seulement un pays bizarre, magique, secret, beau, froid, désespérant, où l’amour est un cadenas au fond d’un lac gelé. Elle est aussi … notre robinet. Nous avons besoin d’elle pour cuire nos aliments. Nous avons besoin d’elle pour nous chauffer. Point. Nous aurons toujours besoin d’elle. 

 

Le projet Nord Stream 2 consiste à relier la Russie à l’Allemagne en délogeant les esturgeons de la Baltique. Il devrait acheminer pas moins de 55 milliards de mètres cubes de gaz et, ce, à partir de 2019. C’est un projet privé. Gazprom pourra allumer ou éteindre, augmenter les prix ou les diminuer, et traiter différemment ses différents partenaires en fonction des quantités achetées. La Commission européenne a du mal à avaler cette couleuvre de 1200 kilomètres. Il faut dire que le représentant de Gazprom dans les négociations n’est autre que ce bon vieux Gerhard Schroeder, l’ancien chancelier d’Allemagne, qui maintenant a trouvé du travail chez son copain Poutine. Collusion ? Non, tu penses !

 

La Commission voudrait un mandat pour négocier en direct avec la Russie une exploitation « transparente et non-discriminatoire » du gazoduc, mais vous imaginez bien qu’en pleine période d’euroscepticisme généralisé, l’ambiance n’est pas à ce genre de mandat. Gazprom s’arrangera avec qui il voudra, comme il voudra, au prix qu’il voudra. Les états amis deviendront ennemis, tous agglutinés au même robinet, chacun désirant être l’ami de son grand frère russe et espérant que les autres ne le soient pas. Ils finiront par nous annexer, et jusqu’au Portugal ! L'an dernier, Gazprom a vendu des volumes record à l'Europe et à la Turquie : 180 milliards de mètres cubes, en hausse de 12 % par rapport à 2015. Le groupe assure aujourd'hui un tiers de la consommation des Européens, et 15% de la consommation française.

 

Même si la France n’est pas la plus dépendante, l’Europe n’arrive pas à se défaire d’une tutelle qui devient de plus en plus gênante étant donné le climat politique. Le projet Nabucco visait à faire de l'Azerbaidjan un fournisseur politiquement plus correct mais a été abandonné. Les réserves norvégiennes, autrefois abondantes, commencent à s’essouffler. Les Néerlandais ont peur s’ils continuent à trop tirer sur leur gisement de Groningue de déclencher un tremblement de terre (une peur d’autant plus justifiée qu’ils vivent dans un pays situé sous le niveau de la mer). L’Algérie, notre fournisseur privilégié, n’est pas moins instable que la Russie. Quant à la parade qui consiste à importer du gaz liquéfié des Etats-Unis et d’Australie, elle reste chère, même si elle est de plus en plus à l’ordre du jour. Un terminal de gazéification a d’ailleurs été inauguré début 2017 à Dunkerque dans le but de diminuer la pression politique venue de la Russie.

 
 

L’énergie est une bataille qui hélas se joue et se jouera sans nous. C’est le point faible de la France. Et c’est sans doute par-là que nous deviendrons un pays pauvre un jour, quand les prix du gaz et du pétrole, toujours chiffrés en dollars, se seront envolés trop loin. C’est un danger sur le moyen terme, qui pour cette raison n’est pas très payant électoralement. Et il n’y a rien de plus dangereux que les problèmes n’ayant aucun intérêt électoral. 


Personne ne peut croire que le gazoduc Nord Stream 2 est un projet privé comme les autres. Personne ne peut croire que Gazprom n’est pas d’abord une institution politique, et géopolitique, visant à faire pression (c’est le cas de le dire) au moment des négociations. Comment nous en défaire ? Quelles personnalités politiques auront le courage de viser le moyen terme, quitte à sacrifier leur stratégie électorale ?

Guillaume Sire 

 

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