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Entretien avec Sandra Patron, directrice du Musée régional d’art contemporain de Sérignan : « le musée est un espace qui doit investir et questionner les enjeux sociétaux avec le vocabulaire de l’art »

Par SPRA — Dernière modification 20/10/2017 11:06:06


Créé en 2006 à l’initiative de la municipalité en place, le Musée régional d’art contemporain (MRAC) de Sérignan attire 20 000 visiteurs par an. Sandra Patron dirige l’établissement depuis septembre 2014. Entretien.


  
  photo: Steven Morlier

 

Quels projets phares avez-vous conduits pour le Musée régional d’art contemporain de Sérignan ?

Quand je suis arrivée au MRAC en 2014, le contexte était porteur. La région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée avait récupéré la gestion du musée, qui était depuis sa création en 2006 géré par la Ville de Sérignan. Avec cette régionalisation, le MRAC dispose notamment de fonds financiers plus importants. Egalement, plusieurs établissements culturels de grande qualité sont installés dans la Région : le Centre régional d’art contemporain (CRAC) à Sète, le Musée d’art moderne et contemporain les Abattoirs à Toulouse, le musée Soulages à Rodez … A mon arrivée, il y avait donc un contexte et une dynamique favorable au développement de la culture dans la Région. J’ai été engagée par la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée. On m’a donné une feuille de route de développement. Etait prévue la création d’une extension du musée, extension qui a été réalisée en mai 2016. Avec cette extension, c’est une salle d’exposition supplémentaire qui a été créée. Nous avons réalisé une commande à l’artiste Bruno Peinado pour la réalisation de la façade de l’extension. Une passerelle permet de relier le bâtiment principal du musée à l’extension. Le MRAC dispose aujourd’hui d’une surface d’exposition de 2100 m².


Nous avons également acquis de nouvelles réserves : nous avons réalisé un dépôt exceptionnel de 190 œuvres auprès du Fonds national d’art contemporain. Ces œuvres sont à notre disposition pendant 5 ans. J’ai choisi des œuvres en résonnance avec la collection existante des 480 œuvres qui appartiennent au musée. Cette collection s’enrichit depuis 2006, également grâce à des dons d’artistes de la région. La collection dispose d’œuvres représentatives de deux mouvements : le mouvement support/surface, et celui de la figuration narrative. La collection a pour particularité de réunir des œuvres qui travaillent sur la question de la peinture : comment les artistes peuvent parler de peinture avec d’autres médiums ? Cette problématique est le fil conducteur des choix artistiques du MRAC.

 


Enfin, une nouvelle librairie a été créée au rez-de-chaussée du musée, en mars 2017. 


  
   photo: Aurélien Mole

 

Comment choisissez-vous les artistes invités au MRAC ?


Il y a d’abord ma sensibilité, ma subjectivité qui porte mon choix sur un artiste. Egalement, je souhaite donner au public un panorama de la diversité culturelle qui existe dans l’art contemporain. Je veux ouvrir les portes du musée, et montrer la diversité géographique des artistes. Dans ce but, j’invite des commissaires d’exposition extérieurs au MRAC. Mes choix sont également guidés par la volonté de redonner la place aux artistes femmes, dont certaines n’ont pas eu la reconnaissance qu’elle méritait, malgré leur talent. Je cherche également à proposer des expositions qui varient les médiums : les artistes peuvent notamment proposer des structures immersives où le public s’approprie les oeuvres. Avec les nouvelles technologies, les artistes ont un champ infini de possibilités pour produire des images, des vidéos, des sons … et pour puiser des idées en réaction à la société actuelle et ses enjeux. Les artistes que nous invitons au MRAC réagissent à la société dans laquelle ils vivent : leurs œuvres questionnent le rôle de l’artiste, son implication. Je ne choisis pas un mouvement esthétique particulier, je cherche des artistes qui ont une voix singulière, un message  particulier à délivrer sur le monde actuel. Pour moi le musée est un espace qui doit investir et questionner les enjeux sociétaux, écologiques, politiques, avec le vocabulaire de l’art. Les artistes ne sont pas des entités séparées de la société.



Au MRAC invitez-vous uniquement des artistes avec une renommée importante, ou également des artistes émergents ?


Nous invitons aussi bien des artistes déjà reconnus que des jeunes artistes. Au sein du MRAC, nous avons ouvert un espace dédié à ces derniers : La Palmeraie, qui est un espace de 120 m². Nous essayons également de valoriser une génération d’artistes français peut être un peu oubliée et qui a besoin d’être soutenue : les artistes de 45-50 ans qui sont en milieu de carrière.

 
 

Qu’est ce qui selon vous est nécessaire pour comprendre et être réceptif à l’art ?

La seule chose qui permet d’être réceptif et de comprendre l’art, c’est la curiosité. Il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances en histoire de l’art. Il faut une curiosité, et une ouverture d’esprit pour pouvoir recevoir une œuvre et son message. Au MRAC, nous avons initié des « visites miracles » : nous invitons des spécialistes d’un champ disciplinaire spécifique : un géologue, un publicitaire… et nous leur demandons de faire une visite des expositions en proposant un décryptage des œuvres grâce à leurs compétences. Chacun peut décrypter et comprendre une œuvre, avec ses compétences, ses connaissances.

 

Y a-t-il un moment particulièrement marquant que vous avez pu vivre au MRAC depuis votre arrivée ?

Parmi les moments forts que j’ai pu vivre au MRAC, je peux citer l’exposition de Bruno Peinado. Au rez-de-chaussée, l’artiste avait proposé une réplique d’une boîte de nuit de Manchester. Pendant 4 mois et demi, tous les dimanches, nous avons tout eu : des concerts, des performances de DJ’s, des conférences … C’était un pari car nous ne savions pas si le public allait répondre présent à cette proposition. Pari réussi car nous avons eu un public qui a joué le jeu, qui s’est impliqué dans cette proposition de l’artiste. Avec cette proposition, Bruno Peinado a permis au MRAC de correspondre à l’idée que je me fais du musée idéal : un endroit où on peut rire, danser, où l’émotion et l’activité intellectuelle sont convoquées et mélangées. 



Quelles sont les évolutions futures du MRAC ?

Je souhaiterais créer un partenariat avec des musées du bassin méditerranéen : c’est une zone géographique proche de nous. Etablir des partenariats avec des musées permet de s’enrichir l’un l’autre, d’échanger des œuvres et ainsi de faire voyager la collection du MRAC. Nous avons notamment été partenaire du Musée d’art moderne (Mudam) au Luxembourg. Un catalogue de l’exposition réalisée en partenariat avec le Mudam a été édité.


Nous souhaitons également créer des partenariats avec le Centre régional d’art contemporain (CRAC) à Sète : il y a en effet une complémentarité entre les deux établissements. Je souhaite que le MRAC soit dans une dynamique d’ouverture, de partage et d’échanges avec des musées extérieurs, nationaux et internationaux.

 
 

Propos recueillis par Marie Deschamps.



 

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