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La fausse distance du Président Macron

Par SPRA — Dernière modification 15/09/2017 13:47:25


Je me souviens d’une dissertation que le professeur nous avait demandée en terminale. La question était : Peut-on parler pour ne rien dire ? J’étais persuadé que la bonne réponse était « oui », et j’écrivais beaucoup de choses sur ma copie pour essayer de prouver qu’il était possible de parler pour ne rien dire, mais je manquais d’exemples probants. Finalement, même les longs discours de l’Assemblée disaient quelque chose. Même les vœux du Président Chirac disaient quelque chose. Même les mauvais romans disaient quelque chose. Et voilà que quatorze ans après, je tombe sur l’exemple parfait : l’interview donnée par Emmanuel Macron au Point. C’était exactement ce genre de preuve que je cherchais ! Oui-da, il est possible de parler pour ne rien dire ! Plusieurs pages d’inepties, d’autosatisfaction et de fausse modestie. Quand on se donne autant de mal pour avoir l’air d’un président, c’est que l’on doit soi-même n’y croire qu’à moitié.

 

Pourtant, Emmanuel Macron m’est assez sympathique. Il a plus de charisme que François Hollande, et il est sans doute moins hystérique que Nicolas Sarkozy. Mais je crois qu’il devrait jouer le jeu de la distance ou bien ne pas le jouer du tout. Cette fausse proximité, qui pourrait éventuellement faire penser aux « entretiens auprès du feu » de Pompidou, n’a jamais servi à rien d’autre qu’à éloigner les Français de leur Président. Rien ne sonne plus faux que la fausse proximité. Rien n’est plus facilement décelable.

 

C’est de distance dont macron aura besoin pendant les prochains mois, et de distanciation. Ou bien il faut se jeter dans le bain… Mais ce serait une colossale erreur que de répéter, même rarement, ce genre d’entretien ultra millimétré, ces photos avec sa femme, son chien, ce côté littéraire, ces grands mots qui à la queue leu leu ne veulent plus rien dire, ce discours vide, ces pointillés en forme de principes moraux et ces parenthèses déguisées en conscience historique. 

 

Selon le baromètre Ifop pour Le Journal du Dimanche, 40 % des Français se disent satisfaits de l’action du nouveau président trois mois après son élection alors qu’ils étaient 54 % à juger favorablement François Hollande après trois mois. De quoi vous donner froid dans le dos quand on sait comment cela s’est terminé pour Culbuto ! La rentrée de Macron sera terrible à n’en pas douter, et durera jusqu’à Noël. La réforme du code du travail ne se fera pas sans douleur, et nous verrons s’il est capable de la mener ou s’il fera comme Hollande et Valls (et lui) tellement de compromis que le code du travail deviendra plus complexe encore qu’il ne l’est aujourd’hui.

 

Et les promesses, Monsieur le Président ? Par exemple, la suppression de la taxe d’habitation ? On peut en parler, de ça, au coin du feu ? Assurément, non. De quoi réduire le capital confiance… Les raisons seront nombreuses pour donner rendez-vous au Président et à son inexplicable Premier Ministre dans la rue plutôt que sur un canapé : baisse des APL, déréglementation de certaines professions, baisse du budget de la défense, augmentation de la CSG et j’en passe.

 

Bon nombre de ces réformes sont nécessaires pourtant, si douloureuses soient-elles. Mais il faudra choisir entre la distance et la proximité pour les faire, en se gardant bien de ce genre de gloubi boulga sauce vétiver qu’a été l’interview du Point. Le fond devra primer sur la forme. Les Français ne seront pas dupes, et d’ailleurs, quoi qu’on en pense en haut lieu, ils ne l’ont jamais été.

 

Guillaume Sire

 

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