L’incompétence des députés en marche

Par SPRA — Dernière modification 25/08/2017 13:02:39

Il y existe un problème de taille il me semble avec les membres élus de la République en Marche : c’est l’incompétence. Je pourrai en prendre dix mais je me contenterai de deux exemples probants du niveau atteint par notre Assemblée nationale, où se joue la fabrique des lois et le bon gouvernement de notre pays. Je ne sais pas si vous avez vu les images de la question posée par le député LREM Jean-Baptiste Djebbari au ministre de l’écologie Nicolas Hulot, mais c’était affligeant : le mauvais devoir d’un collégien anxieux et simplet, ému par lui-même et incapable de se concentrer. Allez voir cela sur Youtube, chers lecteurs, et pensez en le voyant que la scène se situe dans l’Assemblée où ont résonné les discours de Jaurès, etc. Le cœur battant de la France et des Français… 

Le pauvre Djebbari fait semblant de poser une question pour dire à Nicolas Hulot qu’il est formidable, et que son projet de loi l’est tout autant. Ce faisant, il répète tellement ses compliments qu’il finit par ne même pas réussir à poser sa question. Nicolas Hulot lui-même semblait extrêmement gêné par cette kyrielle de compliments creux déguisés en question, et n’a évidemment pas pris la peine de répondre, ne souhaitant pas mêler son verbe aux ratures de ce militant béat. Qu’est-ce qu’est devenue l’Assemblée ? Une arène où s’autocongratulent des députés obéissant au doigt et à l’œil au Président Macron ? Vous allez voir que les députés en marche demanderont le droit d’appuyer leurs prises de parole sur des Powerpoints. Je suis même surpris qu’ils ne l’aient pas déjà fait. La pauvreté du vocabulaire et la médiocrité, en un autre temps, auraient conduit Monsieur Djebbari à démissionner sur le champ, mais non, pas de problème, il garde son siège, Papa Macron le protègera, sa femme est fière de lui. 

Deuxième exemple du problème de compétence : la séance à hurler de rire, ou à pleurer, d’examen du projet de loi de confiance dans l’action publique. Là-encore, allez voir les images, vous ne serez pas déçus. La vice-présidente de l’Assemblée nationale, Carole Bureau-Bonnard, ne sait apparemment ni comment l’Assemblée fonctionne, ni ce qu’est un amendement, ni ce qu’est le respect dû aux forces d’opposition, aussi minoritaires soient-elles. Du coup, la séance fut à la fois une leçon faite par les députés de l’opposition à la Vice-présidente. Philippe Gosselin (LR) puis André Chassaigne (PCF) ont été obligés de lui donner un cours sur le fonctionnement des institutions et la mécanique des amendements. Evidemment, comme elle ne les respecte pas, elle ne les a pas écoutés, et a repris de plus belle à faire toutes ses bêtises. Elle a ensuite répondu à Alexis Corbière, qui demandait à rééexaminer le vote car cela s’était fait trop vite, à main levée, sans clarté, mais selon la Vice-Présidente c’était, je cite, sans doute à cause « d’un problème de micro », aussi n’a-t-elle pas souhaité réexaminer le vote. On en est là. C’est la soupe dans laquelle on nage. Une Vice-présidente de l’Assemblée nationale, de son métier kinésithérapeute (je n’ai évidemment rien contre les kinésithérapeutes), n’a pas daigné préparer la séance, étudier le fonctionnement de l’Assemblée qu’elle vice-présidait, et a cumulé en un temps record des dénis de démocratie qui s’ils n’étaient pas très graves étaient risibles et des délits de médiocrité quant à eux aussi graves que risibles.

Voilà ce qu’il se passe quand on choisit les candidats à la députation au dernier moment, parce qu’on savait que c’était dangereux stratégiquement de les désigner trop tôt. Voilà ce qui arrive quand tout n’est que calcul, et quand presque tout est une fausse promesse. Cette incompétence de nos députés est gravissime pour notre république, son fonctionnement et même pour les bonnes idées de Macron, car les bonnes idées ne valent rien quand elles sont portées par des sots, et risquent d’être jetées aux oubliettes aussitôt qu’on oubliera les sots qui, hélas, les auront soutenues sans les comprendre. Ainsi l’incompétence dans l’hémicycle desserre-t-elle tout le monde, toute la France, du côté du Président ou contre, tous les Français. 

Guillaume Sire