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APL : la vraie raison des cris

Par SPRA — Dernière modification 04/08/2017 11:26:05


Il n’y a rien de pire qu’une mesure qui en théorie est bonne pour la société et en pratique est mauvaise, car dans le débat, la théorie viendra toujours obstruer la pratique. Les Français aiment moins les chiffres que l’abstraction. Ils aiment moins la réalité et les comptes-rendus descriptifs que la vérité humaniste et ses prétendues discussions normatives. C’est pour cela qu’il y a encore des communistes chez nous. Nous sommes des rêveurs. Et nous débattons rêve contre rêve, abstraction contre abstraction, projet contre projet. Nous avons du mal à nous réveiller, parce que nous ne voulons pas nous réveiller. La France, c’est un rêve. Et les rêves peuvent conduire le somnambule au bord du précipice — j’en vois parfois la nuit, au loin, sur les parapets blancs d’immeubles bleus — si personne n’est là, éveillé, dans le monde réel, pour lui tenir la main, le protéger sans le réveiller trop vite. Les rêves peuvent faire du mal. La théorie peut faire du mal. L’enfer, disait Simone Weil (avec un « W » celle-là !), c’est de se croire au paradis par erreur. Voilà une phrase que résume le projet des Aides pour le logement.

 

C’était une bonne idée, les APL, juste, générale, novatrice. Il s’agissait en théorie d’aider les familles à se loger ainsi que les plus démunis et les étudiants qui souvent peinent à trouver un loyer décent. Du coup, lorsque le gouvernement d’Edouard Philippe a annoncé qu’il comptait mettre un coup de sécateur aux APL de l’ordre de cinq euros par mois, les chantres de la théorie ont sorti leurs violons, les photographies de pauvres gens circulaient de main en main : « Non mais vous vous rendez compte un peu, c’est inhumain ! » Cependant vous allez voir, les motivations de ces chantres étaient tout autres…

 
 

Petit rappel avant la grande explication : l’objectif du coup de sécateur est de faire des économies en diminuant la pression exercée sur le budget de l’Etat par ce dispositif dont le coût s’élève chaque année à17,7 milliards d'euros selon le dernier rapport de la Cour des comptes. La coupe budgétaire, en théorie, devrait toucher les catégories fragiles : ménages modestes et étudiants. Les chantres, donc, semble avoir raison de crier. En effet, comme l’ont écrit Les Echos, « les APL bénéficient à 6,5 millions de foyers, soit 20 % de l'ensemble des ménages français. Parmi eux, on retrouve les personnes les plus défavorisées.  76 % des ménages qui se situent dans le décile (10 %) de la population française ayant le revenu le plus faible touchent ces aides. En comparaison, 43 % de ces ménages reçoivent des prestations familiales et 56 % perçoivent des minima sociaux. Il s'agit donc d'un dispositif particulièrement redistributif. »

 
 

Le problème, en pratique cette fois, c’est que les APL bénéficient aux propriétaires de logements à loyer modéré s’enrichissant sur le dos des pauvres gens. Nombreux sont en effet les petits malins ayant investi dans les banlieues en achetant des appartements, parfois des immeubles entiers, occupés par des familles défavorisées dont le loyer, versé entièrement et directement par les APL, couvrait le remboursement de leur emprunt, les taux d’intérêts et la taxe foncière, quand ce n’était pas également le prix des travaux à effectuer ici ou là ainsi que les assurances. En moins de vingt ans, les petits malins en question se retrouvent propriétaires d’un appartement, et parfois je le répète un immeuble entier, qui ne leur a presque rien coûté, et parfois rien du tout. C’est comme si l’Etat leur avait offert ces appartements en payant le loyer des pauvres gens, alors même qu’il aurait pu payer acheter et donner ces appartements aux pauvres gens, ce qui pour lui serait revenu au même. Je ne peux évidemment pas donner de noms, mais je connais plusieurs élus qui pratiquent cette méthode de voyou depuis au moins vingt ans et se sont grâce à elle considérablement enrichis. Et ce sont ceux-là, évidemment, qui crient dans l’Assemblée et la presse, au nom des pauvres, au nom de la théorie, contre le rabotage des APL ! 

 

Guillaume Sire

 

 

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