LE DEBAT DU 4 AVRIL

Par SPRA — Dernière modification 14/04/2017 13:50:12

J’ai regardé le débat du 4 avril comme dans l’antiquité j’aurais regardé un combat de gladiateurs où exceptionnellement on aurait mis, à la place des esclaves, des sénateurs. Empêtrés dans leurs filets et leurs fourches, ils n’auraient pas réussi à se tuer les uns les autres, et se seraient blessés eux-mêmes, nul doute, dans des pirouettes disgracieuses dont j’aurais tout oublié le lendemain. C’était la première fois de l’histoire de France qu’un débat réunissait tous les candidats à une élection présidentielle. Mais si Nathalie Arthaud n’avait pas poussé ses hurlements idiots, j’aurais sans doute fini par m’endormir. Et je ne sais pas en fin de compte si ce sont les hurlements ou la bêtise qui m’ont tenu éveillé. Chaque candidat avait une minute trente pour répondre à des questions du genre : comment allez-vous relancer la croissance économique ? Que faut-il faire contre le terrorisme ? Une minute, trente secondes. Mais le débat a duré plus de quatre heures. Des réponses trop courtes et une émission trop longue. Voilà où en est la télévision dans ses arbitrages. Voilà où en est BFM TV dans son désir de ne froisser personne, et de faire oublier que son patron roule pour Macron.

Les deux animatrices du débat, Ruth Elkrief (BFMTV) et Laurence Ferrari (CNews), ressemblaient à des professeurs de dessin devant une classe de préadolescents hystériques, complètement dépassées par les événements, on ne les avait pas prévenues, elles n’avaient pas imaginé… Quand le sujet des travailleurs détachés a été mis sur la table, j’ai eu l’impression qu’elles étaient parties boire un café.

Il y a quand même eu un grand moment, mais il s’est déroulé en coulisses.  Il paraît que Jean Lassalle, le berger dont la tête est bel et bien celle d’un berger et dont la taille est celle d’un géant de conte de fée, est arrivé en retard sur le plateau. Un journaliste, énervé, lui a demandé pourquoi il n’avait pas pris ses dispositions pour arriver plus tôt, alors Lassalle a eu cette réponse sublime : « Maman a mis huit jours à me mettre au monde. Je n’ai jamais été à l’heure… » Si les historiens de l’an trois mille doivent se souvenir d’un seul fait marquant en 2017, il faudra que ce soit celui-ci. 
 
 

Poutou et Arthaud, à certains moments, n’étaient pas loin de souhaiter ouvertement la mort des « patrons ». Ils étaient à deux doigts de l’appel au meurtre et ont violé avec brio la présomption d’innocence. Arthaud, surtout, est dangereuse. Elle est méchante et dangereuse. Et les deux ont le même défaut qui, ne leur en déplaise, est un défaut de « bourgeois » : ils veulent protéger les salariés, parce qu’ils ont eux-mêmes un travail, mais ils ne pensent pas une seconde aux conséquences que les mesures délirantes qu’ils préconisent auraient sur les embauches. Evidemment, plus personne n’embaucherait, si les employeurs étaient tyrannisés sans recours possible et systématiquement par leurs employés. Poutou, Arthaud et dans une moindre mesure Hamon veulent protéger les employés mais ne veulent pas sauver l’emploi. Pour rappel, Arthaud et Hamon n’ont jamais travaillé dans une entreprise.

 

Macron quant à lui a continué les jeux de jambe. Difficile de savoir ce qu’il fera s’il est élu, concrètement, avec qui il gouvernera. Fillon a brossé sa lyre, peinard, en faisant semblant qu’il n’y avait aucun problème. Et Marine Le Pen s’est battue contre tout le monde puisque c’est son sport favori. La prochaine fois, je propose qu’on jette dans le studio un million de bulletins de vote ainsi que deux vaches landaises excitées à mort et qu’on demande aux onze candidats de ramasser le plus de bulletins possibles. La politique, façon Interville ! ça peut marcher ! Lassalle, évidemment, gagnerait !