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NON, LA MACHINE NE REMPLACERA PAS L'HOMME

Par SPRA — Dernière modification 10/02/2017 15:38:27


Il y a une espèce de mythe prométhéen, et même, je dirais, d’humiliation mythique, consistant à scénariser, prophétiser, quand ce n’est pas constater, que les hommes sont ou seront remplacés par des machines. Certaines fictions vont jusqu’à prévoir que les machines, après s’être occupées du monde à notre place, iront jusqu’à occuper le monde à notre place, et que nous disparaîtrons, ou dans le meilleur des cas que nous deviendrons dans leur monde l’équivalent de ce que sont les pandas dans le nôtre. C’est ridicule. Faux et ridicule. Non, les machines ne nous remplacerons pas. Non, les machines ne vivront pas sans nous. Et non, les machines ne sont pas autonomes. Aucune ne l’est. Même celles qui fonctionnent automatiquement, ne le font que pour une durée déterminée et ont, tôt ou tard, et souvent très vite, besoin qu’un être humain s’occupe d’elles.



En 1995, l'essayiste américain Jeremy Rifkin était fier d’annoncer dans son best-seller la « fin du travail ». Rifkin est un superchampion des effets d’annonce. Il a également annoncé « l’âge de l’accès » et la société du « coût marginal zéro ». Au lieu de réfléchir, il veut trouver la formule, le slogan qui résumera les réflexions possibles. C’est une méthode qui ressemble plus à la publicité qu’à la pensée. Et même si parfois cela aboutit à des concepts qui ne sont pas inintéressants (même dans ce cas tout le travail reste à faire) le plus souvent cela n’aboutit à pas grand chose, sinon à permettre à l’auteur de toucher des droits considérables et de faire un tour du monde pour des conférences.

 


Il y a fort à parier que les membres de l’équipe de Benoît Hamon, vainqueur de la primaire de gauche, ont lu le livre de Rifkin, ce qui expliquerait pourquoi ils ont repris l'antienne de la « raréfaction du travail », due à l'automatisation et la robotisation de notre économie. Cependant c’est faux. Certes, la robotisation aboutit à un changement des métiers. Les travaux manuels deviennent par exemple des travaux de surveillance. Et à un changement de compétences. Il s’agit de moins en moins d’apprendre à poncer que d’apprendre à coder. Mais rien ne prouve que cela raréfie le travail. Seul le sens commun dit cela, puisqu’il semble « évident » qu’il faut moins d’humains quand on a davantage de robots. Toute la méthode de Rifkin repose sur ce genre de constat, basé sur la perception, et ne s’appuie sur aucune preuve empirique. L’essayiste, il y a quelques siècles, aurait sans doute cru que la terre était plate. C’est aussi ce genre de méthode qui a conduit Carl Frey et Michael Osborne à estimer que 47% des emplois américains disparaîtraient d'ici à 2020. Cependant, et certes contre-intuitivement, cette évidence est empiriquement fausse, comme l’attestent l’ensemble des études sérieuses consacrées à ce sujet. 
 


L'OCDE a calculé de façon rigoureuse qu'en moyenne 9% des emplois pouvaient être automatisés et sans toujours donner lieu à des mises à pied dès lors qu’une politique de reconversion appropriée était mise en place. Cette analyse a été confirmée par le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) dans un rapport publié le 10 janvier dernier : « moins de 10% des emplois cumulent des vulnérabilités qui pourraient en menacer l'existence dans un contexte d'automatisation ». On est loin des chiffres catastrophiques et des dystopies d’Hollywood. Autre exemple révélateur : les avions sans pilote sont censés mettre les pilotes à pieds, selon Rifkin et ses disciples, mais il y a environ 150.000 pilotes d'avion en activité aujourd'hui, et Boeing prévoit qu'au niveau mondial, ce sont un demi-million de pilotes supplémentaires qui devraient être embauchés d'ici à 2032.

 

 

Guillaume Sire

 

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