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LA CATHEDRALE SAINT-NAZAIRE A BEZIERS, UN MONUMENT A L'ARCHITECTURE COMPLEXE ET RICHE DE SYMBOLES

Par SPRA — Dernière modification 03/02/2017 15:11:09


La cathédrale Saint-Nazaire à Béziers fait partie des édifices incontournables de la ville. Elle est considérée comme l’une des plus belles églises fortifiées du Midi de la France. Siège épiscopal depuis l’an 760 et jusqu’à la Révolution, elle se dresse fièrement au sommet de l’Acropole dans un ensemble prestigieux : le clocher de 16 mètres, le palais épiscopal, le Jardin des Evêques, le cloître. Plusieurs édifices se sont succédés : l’église pré-romane, l’église romane de 1130 détruite lors du sac de Béziers de 1209 dont les murs servirent de base à la cathédrale gothique actuelle. L’intérieur recèle des fresques du XIVème siècle, un buffet d’orgues du XVIIème siècle, et l’ensemble baroque du chœur du XVIIIème siècle.  L’architecture de la cathédrale a évolué au fil des siècles et des époques, et recèle de nombreux symboles qui font référence à l’histoire divine.


  

  
Jusqu’en 1794, la cathédrale Saint-Nazaire est un bâtiment religieux, siège d’un évêché. L’évêque y est entouré d’un chapitre, composé des chanoines, qui l’aident dans ses fonctions religieuses et pour l’entretien de l’église. Les chanoines chantent les offices, et enseignent. Quelques restes de l’époque carolingienne sont notables dans la cathédrale actuelle, comme la tour sarrazine, qui permettait de surveiller l’horizon. Au début du XIIe, une grande Eglise romane est construite par Maître Gervais. De cette époque sont restés plusieurs éléments architecturaux : les murs épais à la base de la voûte, la voûte brisée, les tiers-points, le chœur plat, la travée, la nef. Pour manifester symboliquement et religieusement la fonction du chœur, sur le chapiteau sont représentés les rois mages qui viennent adorer Jésus à la crèche. Le chapiteau exprime l’incarnation, le premier grand mystère des chrétiens. A l’époque romane, une petite fenêtre était construite dans le mur du chœur, dans l’axe, tournée vers l’est, et prenait le soleil levant du matin. L’illumination qui avait lieu grâce à cette fenêtre était le symbole de la résurrection du Christ, le symbole de la vie. La cathédrale prenait donc toute sa signification avec cette lumière du matin : l’assemblée des chrétiens venait prier le Christ ressuscité. 


     

 

Au début du XIIIe siècle commence la construction de la cathédrale gothique

En 1209, l’Eglise est détruite en partie par le feu après le sac de Béziers par les Croisés. En 1215-1218, l’évêque et le seigneur décident de bâtir une cathédrale gothique, dont la construction s’étalera sur plus de quatre siècles. Une nef principale, et le transept sont créés. La voûte gothique est également construite : « il s’agit d’une voûte sur croisée d’Ogive, une innovation gothique, qui renvoie les forces aux angles de la voûte et qui permet d’alléger la construction », explique Joseph Brémond, architecte. Il n’est dès lors plus nécessaire de construire des murs épais. Le transept date de 1215-1230. Le chœur est agrandit : en effet, les chanoines sont devenus plus nombreux.

 

A l’époque, les fenêtres actuelles sont plus basses et plus larges, ce qui témoigne de l’importance des verrières. Les vitraux sont chatoyants. « A l’époque gothique, le bâtiment doit être à l’image de la demeure céleste, et doit venir révéler aux chrétiens la beauté divine. Ceci est une référence à la Jérusalem céleste, dans l’Apocalypse, qui resplendit d’une lumière divine » souligne Joseph Brémond. Les vitraux reprennent les couleurs des pierres précieuses dont la Jérusalem céleste est bâtie. Ils racontent des scènes de la vie du Christ.


La cathédrale Saint-Nazaire se transforme à l’époque baroque, au XVIIIe siècle

Dans les années 1730, l’église gothique est modernisée. L’époque est celle de l’architecture baroque. Le XVIIIème siècle voit ainsi l’arrivée d’un nouveau style. Sont notamment rajoutées les colonnades du chœur, les corniches, les niches. Ces nouveaux éléments architecturaux sont ajoutés dans le respect de l’existant. Ainsi, « malgré les évolutions de l’édifice, les constructions architecturales ont une unité, un même rythme, car elles sont venues s’intégrer à l’ensemble dans le respect de l’ancien », explique Joseph Brémond. Les colonnes du chœur ajoutées à l’époque baroque donnent un élan vers le haut, au-dessus de la corniche, vers le ciel. Le baldaquin de la cathédrale, aplati, est un baldaquin de gloire. Le travail architectural réalisé avec les colonnes et les corniches montre la subtilité dans l’aménagement baroque : le regard est accompagné et la construction a été réalisée avec une grande finesse.

Le plan de la cathédrale Saint-Nazaire est celui d’un rectangle et d’un arrondi. Le rectangle avec ses quatre angles droits représente la terre, notre espace, et le temps. Le cercle, sans fin, représente le ciel, un espace hors de l’espace. « Le plan de l’Eglise symbolise donc La réunion de la terre et du ciel, de l’incarnation et du divin », souligne Joseph Brémond. L’axe de la nef propose un chemin, qui se dirige vers le ciel. Cela symbolise l’importance des processions, l’avancée vers le chœur. L’autel de la cathédrale est la rencontre entre le divin et les chrétiens. 


  

 

L’orgue et les fresques précieuses, des éléments remarquables à l’intérieur de la cathédrale

La cathédrale Saint-Nazaire dispose d’un orgue datant du XVIIème siècle, impressionnant et majestueux, aujourd’hui en restauration, composé de milliers de tubes et à la mécanique complexe. Le public peut également admirer à l’intérieur de la cathédrale des fresques précieuses, datant de la fin du XIVe siècle, qui représentent la vie de Saint Etienne, le premier martyr de la chrétienté. Ces fresques reprennent des dessins de Giotto qui a révolutionné la peinture. Il a en effet introduit la représentation de l’espace, un tournant dans l’histoire de la peinture. Sur les fresques sont notamment représentées des strigiles, un racloir recourbé en forme de faucille avec lequel les romains se nettoyaient la peau après des exercices athlétiques. « Sur la fresque, la symbolique est la suivante : on enduit le corps du mort d’huile afin de l’aider à vaincre la mort dans l’au-delà », explique Joseph Brémond. La cathédrale Saint-Nazaire est un monument à l’architecture complexe, riche de symboles qui donnent les clés pour mieux comprendre son histoire.

 

Article réalisé avec la collaboration de  Monsieur Joseph BREMOND, Architecte

 

Marie Deschamps



 

 

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