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Le Musée de l'Ephèbe du Cap d'Agde, un petit bijou unique en France

Par SPRA — Dernière modification 15/01/2016 17:19:40


C'est au milieu des pins, à l'entrée du cap d'Agde qu'est installé le Musée de l'Ephèbe et d'Archéologie Sous-Marine de la Ville d'Agde. Un intitulé bien lourd pour un Musée qui recèle des objets exceptionnels et dont les collections sont presque uniques en France.

Collections exceptionnelles parce que issues de cinquante années de découvertes en mer, dans l'étang de Thau ou dans l'Hérault et qui témoignent de l'activité d'Agde et de sa région au fil des siècles. Car Agathé, cité grecque vieille de 2600 ans, au carrefour de plusieurs civilisations, a révélé au fil des recherches de véritables et étonnants trésors engloutis : des cargaisons de vaisselles, des armements de la marine royale (fusils, canons...), des amphores grecques ou romaines par dizaines et puis surtout des œuvres d'art uniques dont, bien évidemment, le célèbre Ephèbe dont il est acquis maintenant qu'il s'agit bien d'une représentation d'Alexandre le Grand.




Un Musée pour faire revenir l'Ephèbe

Issue d'une famille d'archéologues amateurs, Odile Bérard-Azzouz, conservatrice en chef du Musée, raconte que, dans son enfance, c'était plutôt les volcans et Haroun Tazieff qui la faisait rêver. Elle se voyait en éminente vulcanologue mais, après des études d'histoire de l'art et d'archéologie à Montpellier puis quelques années à faire de la recherche, les hasards et contraintes de la vie la font se poser à Agde pour prendre les rênes du Musée en 1985. Sa mission : assurer l'ouverture du Musée et faire revenir dans sa ville de découverte la statue de l'Ephèbe alors installé au Louvre. Pour ce faire les services de l'Etat avaient posé une condition : la construction d'un Musée d'archéologie subaquatique et sous-marine. Aidée par le GRASPA (groupe de recherches archéologiques sous-marines et de plongée d'Agde) dont l'un des membres Jacky Fanjaud découvrit la fameuse statue, la ville d'Agde  mis en œuvre la construction du Musée entre 1982 et 1984. Celui-ci, bâti autour d'une ferme du XVIIIème siècle, sur la colline de La Clape au Cap d'Agde, est ouvert au public en 1985. Et c'est en 1987 que Odile Bérard-Azzouz a la satisfaction de voir définitivement dans ses murs le célèbre bronze qui donne son nom au Musée. Et c'est en 2002 que le Musée de l'Ephèbe reçoit le label "Musée de France" qui lui assure des moyens renforcés dans le domaine de la conservation et de l'étude des œuvres tout en lui donnant une véritable reconnaissance de ses pairs.




Un voyage dans l'histoire

La visite du Musée de l'Ephèbe est un véritable voyage dans l'histoire qui s'avère absolument passionnante. Près de 4000 objets composent cette étonnante collection dont la caractéristique unique en France est que chacun de ces objets ont été découverts in situ. C'est toute l'histoire économique, sociale, artistique d'Agde et de sa région qui est ici résumée par petites touches avec ces objets provenant de bateaux grecs, romains ou d'époque plus récente échoués autour de la ville. Curieusement la visite commence par l'époque la plus récente, on débute au XVIIIème siècle et on termine avec la Grèce antique. Très vite on découvre une très belle collection de 16 canons et 26 fusils en bronze et en fer découverte en 1995, puis ce sont divers objets en terre cuite ou en métal (lampe à huile, vases, bijoux, monnaies...) et des amphores, des dizaines d'amphores de toutes formes et de toutes origines destinées à transporter et à stocker du vin ou de l'huile. Le voyage dans le temps est captivant et il se termine comme il se doit avec trois statues majeures qui font la fierté du Musée.


L'Ephèbe mais aussi Césarion et Eros

Découverte en 1964 dans le lit de l'Hérault, la statue de l'Ephèbe fut ressortie de l'eau en très mauvais état. Elle fut donc envoyée pour être restaurée dans des laboratoires spécialisés et notamment au Louvre qui la conserva avant de la restituer à la ville d'Agde en 1987. La statue qui représente un bel adolescent grec dans la posture de la nudité héroïque est, en fait, et d'une façon indiscutable, un portrait d'Alexandre le Grand. La pièce est donc exceptionnelle d'autant qu'elle est le seul bronze découvert in situ dans les eaux françaises. Mais la statue de l'Ephèbe n'est pas la seule pièce rare du Musée. Le Césarion qui représente le fils de César et de Cléopâtre est une autre pièce qui a elle seule mérite une visite. Cette statue, représentant un jeune garçon de six ou sept ans, datant du 1er siècle avant Jésus Christ,  est d'une originalité et d’une poésie troublante. Enfin, on ne quittera pas le Musée sans une halte devant la superbe statue d'Eros qui, probablement, faisait partie du même chargement d'œuvres d'art transportées depuis la région de Naples par bateau pour orner une riche villa de la Narbonnaise.
 
Preuve que le Cap d'Agde ce n'est pas que la plage ou les boites de nuit, le Musée de l'Ephèbe mérite vraiment le détour et une visite que l'on peut préparer utilement en visitant l'excellent site internet du Musée : www.museecapdagde.com.
 
 
Bruno Deschamps
 

 

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